...

LED. Ces trois lettres, acronyme de l’anglais « light emitting diode » (diode électroluminescente en français), semblent en passe de régner en maître dans nos lampes d’intérieur. Nouveau signe de cette révolution des lumières : Ikea vient d’annoncer qu’il ne vendra plus que des luminaires et des ampoules à LED à partir du 1er septembre prochain. « Nous voulons agir en tant qu’entreprise responsable, justifie le géant suédois de l’ameublement qui compte 315 grands magasins dans 27 pays, dont 6 en Belgique. Le développement durable est inscrit au cœur de nos activités. Sachant que les LED consomment 85 % d’énergie en moins que les ampoules à incandescence et durent jusqu’à 25 fois plus longtemps, nous souhaitons inciter nos clients à profiter de ces économies d’énergie et d’argent et à réduire ainsi les émissions de CO 2 . »

Pour dégager la même intensité lumineuse exprimée en lumens, l’ampoule à LED nécessite cinq fois moins de puissance électrique qu’une ampoule à incandescence.  

Ikea.

Concrètement, l’entreprise a graduellement vidé ses stocks de lampes fluocompactes (les « ampoules économiques ») et à incandescence (halogène) pour ne laisser que les LED en rayon avec une gamme de luminaires mais aussi un assortiment d’ampoules suffisamment large pour convenir à tous les plafonniers, appliques et autres lampes de bureau existants. L’enseigne mise sur des prix très bas (6,99 euros pour deux ampoules LED de 400 lumens qui équivalent chacune à un modèle traditionnel à incandescence de 35 watts) et sur des conseils personnalisés en magasin à ses clients pour convertir ceux-ci à la nouvelle génération d’éclairage. Et elle rappelle qu’ils peuvent acheter ces produits avec leurs éco-chèques.

Ne serait-ce pas là qu’un coup de marketing lumineux ? « Disons que c’est un coup de communication qui va accentuer la culture du LED chez les consommateurs, estime Jonas Moerman, conseiller énergie chez Ecoconso. Cette technologie est en train de prendre le pas sur les autres grâce aux évolutions qu’elle a connues ces dernières années : des performances d’éclairage accrues, une lumière plus chaleureuse et une nette diminution des prix. Il y a trois ans, une ampoule LED équivalant à une 60 watts en incandescent coûtait encore 30 euros. Aujourd’hui, elle se rapproche des 10 euros, tandis que les modèles fluocompacts tournent autour des 5 à 7 euros. »

Les chiffres de vente confirment cette tendance. « Par rapport à 2014, on voit cette année que le marché des lampes LED a augmenté de 51 % en valeur et de 71 % en unités vendues , indique Dimitri Vits, consultant Home & Living du bureau d’études de marché GFK. Cela montre que les prix de ces ampoules sont devenus acceptables pour les consommateurs. » Parallèlement à cela, remarque GFK, « les ventes de lampes fluorescentes compactes ont diminué de 23 % et les halogènes de 11 % sur les six premiers mois de 2015. C’est net : pour leurs achats d’éclairage écologique, les consommateurs sont en train de se convertir au LED. »

Il faut dire que le LED comporte de nombreux avantages. Contrairement aux ampoules à incandescence, il ne chauffe pas. Et, on l’a dit, il demande beaucoup moins d’énergie pour offrir une intensité lumineuse identique. Il présente aussi cet avantage sur les fluocompactes, ainsi que son absence de mercure et de rayonnement électromagnétique. Le LED bat également les autres technologies par sa durée de vie (25.000 heures), par sa meilleure résistance aux chocs et par sa miniaturisation extrême qui lui permet de se loger partout et sous toutes les formes : des luminaires design aux phares de voiture en passant par les écrans plats de téléviseurs ou d’écrans informatiques, montres connectées incluses. Par ailleurs, le LED peut lui aussi varier d’intensité lumineuse (il est « dimmable ») et offre désormais une lumière moins bleutée qui éblouissait et qui perturbait le sommeil.

Mais tout n’est pas rose au pays du LED. « Bien que la nouvelle génération ne donne plus cet effet de carrelage blanc de boucherie , cette source peine encore à se rapprocher de la température de couleur de la lumière naturelle », explique Pasquale Nardonne, professeur de physique à l’Université libre de Bruxelles. Reste encore cette ombre au tableau : certes le LED est plus écologique à l’usage. Mais pour connaître son réel impact environnemental, il faut tenir également compte de ses conditions de production. Or, purifier le silicium, qui fait battre le cœur de ces diodes, est un travail industriel très énergivore…